"Moments of being"

Qu'est-ce que je retiens de ma lecture de Virgina Woolf, La Promenade au phare, de ce livre riche et foisonnant?

L'écriture du flux de conscience, "stream of consciousness", tentative d'écriture de la vie intérieure, images, sensations, le verbal et le pré-verbal, essai de cartographie de  la myriade d'impressions qui se présentent, le dessin de toutes les choses vues, et  ce, jusqu'à la chute des atomes dans l'esprit et l'ordre dans lequel ils tombent.

Le processus de création, où il s'agit de s'avancer, d'aller toujours plus loin, de mettre son âme à nu, pour se retrouver absolument seul, sur une planche étroite qui domine la mer, creuser toujours davantage, à la recherche de cette vision, de cette révélation, surgie du coeur le plus intime de l'être, ce noyau d'ombre en forme de coin, où l'on peut être à l'abri, se reposer.

Me revient soudain à l'esprit  un titre : L'Intuition de l'instant, de Gaston Bachelard, je me replonge dedans et trouve justement ce que je cherche concernant la poésie, cette "métaphysique instantanée". La poésie est simultanéité, elle tente de capter l'instant présent ; pour ne pas être moins que la vie, elle délaisse le temps linéaire, son temps est vertical, je pense aux grottes que creuse Virginia Woolf  derrière ses personnages, en profondeur, le temps est arrêté, l'instant d'une vision ; les contraires, l'antithèse, deviennent ambivalence et coexistence, il y a condensation ; moment où l'être le plus dispersé, retrouve son unité. Comme lorsque dans sa peinture, Lily Briscoe évoque le moment  d'échanger le flux de la vie contre la concentration de la peinture, du chaos naît la forme qui permettra d 'exprimer le plus justement possible son ressenti, de reconstituer l'unité.